Histoire de Heugnes

La commune de Heugnes est certes petite mais elle remonte à loin dans l’histoire de l’humanité. De nombreux événements se sont passés dans ce village à la frontière du Berry et de la Touraine et nombre d’indices nous signalent ces petites histoires au milieu de la grande.

Ayant fait un travail exceptionnel sur l’Histoire de Heugnes, cette page reprend et synthétise l’article de Guy de RAMBAUD du site Wikia.org.

Vivant à Heugnes et ayant eu mille vies, ce passionné a écrit de multiples articles sur Wikia.org dans lesquels vous aimerez vous balader.

L’histoire de Heugnes par Guy de Rambaud


Au commencement, un groupe de chasseurs-cueilleurs à la butte-Montbel.

En 1972, la découverte de vestiges datant de 12500 avant JC nous indique qu’un village de chasseurs-cueilleurs a élu domicile près de la butte-Montbel. En cette période épi-paléolithique, les hommes n’étaient pas réellement sédentaires mais plus de 4000 pièces ont été retrouvées et étudiées directement à la surface, sans besoin de fouiller le sous-sol.


Du temps de l’Empire Romain,

Appelée Ognia à cette époque, peu de traces marquent le village de Heugnes comparé au site gallo-romain des Sablons à Pellevoisin.


Début de la Christianisation

Le Nord est en bas !Après la chute de l’Empire Romain, un monastère est bâti à Ognia vers 491 par Ursus de Cahors qui ancre le début des récits sur Heugnes. Ce monastère est construit dans la “sylva Ognensis” la foret de Heugnes qui s’étendait quasiment partout à cette époque. En 989, Robert II de Buzançais donne son consentement à la fondation d’un ermitage à l’origine de l’abbaye de Miseray. Celle-ci deviendra un oratoire en 1089. Devenant une Abbaye en 1112, vendue comme biens nationaux après la révolution française et démontée en partie au 19è siècle pour construire un petit château, l’abbaye de Miseray a connue de nombreux rebondissements très bien détaillés sur ce lien.

L’église de Heugnes a été construite avant l’abbaye de Miseray mais très peu de textes la citent. On sait que la paroisse Saint-Pierre, à l’époque, dépendait de Méobecq puis du monastère de Miseray. En 1766, Saint-Martin devient le patron de la paroisse.


Moyen-âge central, bas moyen-âge et renaissance

Dépendant du duché de Touraine, dans le duché de Buzançais, Heugnes va se développer à partir du 14è siècle et la seigneurie de Heugnes va être vendue et cédée à plusieurs reprises jusqu’à la révolution française. De Philippe de Prie à Armand-Jean Bouthillier de Chavigny, en passant par Philippe Chabot, Claude Saulx ou Charles III de Lorraine, le comté de Buzançais prospère ainsi que Heugnes en cette période. Comprenant trois notaires royaux connus, le village devait être assez riche et influent à la fin du 17è siècle.

En 1699, le duc Paul de Beauvillier achète le comté de Buzançais pour 220 000 livres et après sa mort, en 1714, la liquidation des droits du duc de Beauvilliers sur le comté de Buzançais se termine en 1755 au profit de son demi-frère, Paul-Hyppolite de Beauvilliers, le duc de Saint-Aignan. Son épouse Marie-Anne de Montlezun est Dame de la Châtellenie de Heugnes ainsi que de la forêt de Champ d’Oiseau.

Le 21 août 1764, le comté de Buzançais est acheté par la Baron Anne Robert Jacques Turgot, homme politique et économiste français pour la somme de 534 100 livres. La somme revient entre autre aux créanciers du feu duc de Beauvillier dont fait partie le curé de la paroisse de Heugnes et celle de Pellevoisin.


Les familles seigneurs locaux de Heugnes

Blason de Heugnes
Le blason de Heugnes

Parmi les premiers seigneurs majeurs de Heugnes, la famille de Maussabré a eu une grande influence sur le territoire. Deux branches principales de la famille sont positionnées à Heugnes et y demeurent jusqu’à la révolution française. Cette dernière amène des persécutions contre la noblesse en 1789 malgré la “bonté” des seigneurs de Maussabré et leur confession protestante qui les a éloignés du pouvoir royal. La famille de Maussabré construit le château du Rabry sur la commune de Heugnes.

Suite à l’exil en 1590 de Brice de Maussabré du Rabry, de son épouse et de ses enfants lors des guerres de religions, ses biens sont donnés à Jean de Menou, seigneur du Mée. La maison-forte médiévale du Rabry est reconstruite en petit château renaissance par Edmond de Menou au début du 17è siècle. La fille de ce dernier, Jeanne de Menou, se marie en 1630 à Louis de Marolles et à sa mort, en 1651, le château et nombre de propriétés passent à cette grande famille de la noblesse jusqu’en 1827.

Pierre de Marolles du Rabry, maire de Heugnes est l’un des chefs de la Vendée de Palluau qui se déroule en mars 1796. Ces troubles opposent les républicains (surnommés les bleus) et les royalistes (surnommés les blancs) suite à la révolution française. Le 11 mars 1796, un groupe de gendarmes, cherchant le curé de Saint-Flovier pour procéder à son arrestation, fouille plusieurs demeures de Heugnes. Cela ne plut pas aux habitants de la paroisse et, ainsi, une vingtaine de paysans, principalement de Heugnes, attaquent une douzaine de gendarmes de Pellevoisin et les mettent en déroute. Ils poursuivent leurs assauts pour libérer Palluau avec d’autres insurgés puis passent par Villegoin et prennent Ecueillé. Devant ces victoires, 800 royalistes de la région, encadrés par quelques nobles, avancent vers Buzançais, où ils se font décimer. 53 individus, dont Pierre de Marolles, se font juger du fait de la Vendée de Palluau. Dans ce village proche, un monument commémoratif se situe à l’emplacement de la bataille.

Après ces événements, Jules Huet de la Tour du Breuil hérite de son oncle Pierre de Marolles le château du Rabry. Cette grande famille va y faire de nombreuses transformations en 1834 et 1875. Il sera maire de Heugnes de 1828 à 1877 et Henri Huet de la Tour du Breuil de 1878 à 1881.


Croissance économique au 19è siècle

Au début du 19è siècle, la commune de Heugnes est peu peuplée et très pauvre car elle est constituée essentiellement de brandes. En janvier 1847, des affrontements interviennent, suite à la maladie de la pomme de terre qui sévit dans le Berry, amenant des pillages et des destructions.

En 1856, des théologiens imaginent un vaste programme de développement agricole pour la commune de Heugnes grâce à l’arrivée de travailleurs du département et des départements voisins. En 1860, deux grandes fermes modernes et une dizaine d’habitations sont bâties par les frères Durand à la Grande et Petite Duranderie (au niveau du Gardon Frit) pour accueillir les ouvriers et équipements agricoles. Les brandes sont défrichées un peu partout sur la commune. “Les Produits Siliceux de l’Indre”, une tuilerie-briqueterie apparaît en 1865. Le développement économique se poursuit avec la reconstruction de l’église en style néo-roman, la construction de la gare dans le style Blanc-Argent mise en service le 17 novembre 1902, qui relie Ecueillé au Blanc. Une école de filles et une école de garçons voient le jour grâce aux excédents de budget. En plus de l’école des religieuses de Sainte-Anne, la commune vote la construction d’une école libre en 1900.


La Seconde Guerre Mondiale

Les deux guerres mondiales ont eu à Heugnes un impact comme dans toutes les villes de France. C’est lors de la seconde, en début 1944 que la commune devient un point d’intérêt important pour les forces allemandes. Au lieu-dit la Pyramide, culminant à 198m d’altitude, des centaines d’ouvriers et de techniciens allemands commencent la construction d’une grande base de radio-télécommunication permettant le repérage des ennemis et le guidage des équipements sur une distance de plus de 300 km vers Bordeaux et jusqu’au sud de la capitale. Au sud, une telle installation pouvait observer et capter les signaux tactiques de Châteauroux ou encore de Bourges. Sous la surveillance de résistants cachés dans la forêt de Champ d’Oiseau, cette base n’a jamais été achevée.

         

C’est le 28 août 1944 qu’un événement a bouleversé la commune de Heugnes. Trois jours après une bataille se déroulant au centre-bourg d’Ecueillé, monsieur Léon Bodin, maire d’Ecueillé fait appel à une équipe d’artificiers pour désamorcer une grosse quantité d’obus et les débarrasser de la place de la mairie. Une équipe du Centre du Génie de Châteauroux, composée de Linarès Léopold, Onésime Adam et Roland Lamirault, procède à la sécurisation d’Ecueillé. Prenant la route du retour avec trois autres personnes, Baron Paul, Laurent Albert et Monnier Louis, leur camionnette est prise pour cible par une colonne allemande avec un canon antichars de 37mm sur la route de Buzançais au lieu-dit la Butte. Cinq des hommes de la résistance sont morts sur la coup et deux autres sont abattus dans le fossé. Seul survivant miraculeux, Louis Monnier n’est autre que le Prince Louis Napoléon (1914-1997). Il deviendra par la suite lieutenant des Forces Françaises Libres sous le nom de Louis Montfort. Sous les balles allemandes, il arrive a rejoindre la forêt non sans un éclat d’obus dans la jambe gauche et de nombreuses blessures et brûlures. 

Le lendemain, les cinq corps affreusement mutilés sont transportés par la F.F.I. dans un baraquement, place de la Nouvelle-Eglise et l’identité de ces hommes fut ainsi établie.Le 11 Novembre 1946, la croix de bois placée à l’endroit du massacre est remplacée par une stèle commémorative élevée avec la participation notamment des municipalités d’Heugnes et d’Ecueillé sous les yeux humides d’une assistance nombreuse. Un devoir de mémoire se poursuit tous les ans le 28 Août.

Récit détaillé du Massacre de la Butte, le 28 Août 1944


De nos jours

Après la seconde guerre mondiale, à la suite d’un fort exode rural, la commune se vide de ces travailleurs et devient très calme. Sur un trajet Luçay-le-Mâle/Buzançais, le dernier autorail traverse la gare de Heugnes le 26 septembre 1980 et la ligne de marchandise est fermée le dernier jour de l’année 1988. En 1993, la ligne de train Luçay-le-Mâle/Argy est inscrite au titre des monuments historiques et depuis 2005, la gare du village est intégrée au trajets touristiques du Train du Bas-Berry.

Malgré les difficultés que rencontrent les petits villages de France, Heugnes a réussi à se distinguer grâce à l’implication et à l’attachement d’élus locaux et d’habitants qui s’emploient à dynamiser la commune. L’Auberge de Heugnes a une très bonne réputation dans la région grâce à sa cuisine traditionnelle et typique, les Jardins du Nahon, la pépinière-horticulture, amènent de nombreux amoureux de la nature au centre-bourg et en 2019, une ferme pédagogique d’Animation a ouvert ses portes au lieu-dit la Blanchardière au Nord du village.

Tous les ans une grande cavalcade avec défilés de chars, est organisée place St Martin. Festive, musicale et gustative cette cavalcade se termine par un magnifique feu d’artifice qui rassemble des milliers de spectateurs.

Pour sa 27ème édition en 2020, le Grand Prix Cycliste Christian Fenioux, troisième manche de la Coupe de France N2, s’est, comme d’habitude déroulé à Heugnes. Le 15 Août 2020, un beau kiosque a musique a été inauguré sur la place arborée du village présageant nombre d’événements culturels et touristiques à venir.

La commune possède un centre de Premiers Secours composé de sapeurs pompiers volontaires, femmes et hommes, motivés, au service de la population ; l’école, partageant le bâtiment de la Mairie est regroupée avec le village de Pellevoisin ; une grande salle des fêtes est louable pour organiser des événements (mariages, séminaires…) ; des chemins de randonnée vous feront découvrir cette belle campagne ; une majestueuse forêt de Champ d’Oiseau pour les amoureux de ballades ; et tant d’autres patrimoines historiques, naturels et culturels à découvrir => lien vers le patrimoine

Composée d’agriculteurs et d’éleveurs passionnés, de familles anciennes et de nouveaux arrivants, la commune se développe autour de ses qualités : le calme, l’entraide, la nature et la vision de son avenir.